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RÉCAPITULATION. — SYSTÈMES DIVERS.

contre eux. La Bretagne et l’Écosse se sont attachées volontiers aux partis faibles, aux causes perdues. Les chouans ont soutenu les Bourbons, les highlanders, les Stuarts. Mais la puissance de faire des rois s’est retirée des peuples celtiques depuis que la mystérieuse pierre, jadis apportée d’Irlande en Écosse, a été placée à Westminster[1].

De toutes les populations celtiques, la Bretagne est la moins à plaindre, elle a été associée depuis longtemps à l’égalité. La France est un pays humain et généreux. — Les Kymrys de Galles encore ont été, sous leurs Tudors (depuis Henri VIII), admis à partager les droits de l’Angleterre. Toutefois, c’est dans des torrents de sang, c’est par le massacre des Bardes[2] que l’Angleterre préluda à cette heureuse fraternité. Elle est peut-être plus apparente que réelle[3]. — Que dire de la Cornouailles, si longtemps le Pérou de

  1. On couronnait le roi d’Irlande sur une pierre noirâtre, appelée la Pierre du Destin. Elle rendait un son clair, si l’élection était bonne. (Voyez Tolland, p. 138.) D’Iona elle fut transportée dans le comté d’Argyle, puis à Scone, où l’on inaugurait les rois d’Écosse. Edouard Ier la fit placer, en 1300, à Westminster, sous le siège du couronnement. Les Écossais conservent l’oracle suivant : « Le peuple libre de l’Écosse fleurira, si cet oracle n’est point menteur : partout où sera la pierre fatale, il prévaudra par le droit du ciel. » Logan, I, 197. — En Danemark et en Suède, comme dans l’Irlande et l’Écosse, c’était sur une pierre qu’on faisait l’inauguration des chefs. — Id., p. 198. Sur une belle colline verte, aux environs de Lanark, est une pierre creusée de main d’homme, où siégeait Wallace pour conférer avec ses chefs.
  2. Voir les Éclaircissements à la fin du chapitre sur les Bardes.
  3. Les Tudors ont mis le dragon gallois dans les armes d’Angleterre, que les Stuarts ont ensuite orné du triste chardon de