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ÉCLAIRCISSEMENTS.

appelés les lits des amants : la fille d’un roi s’était enfuie avec son amant ; poursuivie par son père, elle errait de village en village, et tous les soirs ses hôtes lui dressaient un lit sur la roche, etc., etc.

SUR LES BARDES. (Voyez page 165.)

Les bardes étudiaient pendant seize ou vingt ans. « Je les ai vus, dit Campion, dans leurs écoles, dix dans une chambre couchés à plat ventre sur la paille et leurs livres sous le nez. » Brompton dit que les leçons des bardes en Irlande se donnaient secrètement et n’étaient confiées qu’à la mémoire (Logan, the Scotish Gaël, t. II, p. 215). — Il y avait trois sortes de poètes : panégyristes des grands ; poètes plaisants du peuple ; bouffons satiriques des paysans (Tolland’s letters). — Buchanan prétend que les joueurs de harpe en Écosse étaient tous Irlandais. Giraldus Cambrensis dit pourtant que l’Écosse surpassait l’Irlande dans la science musicale et qu’on venait s’y perfectionner. Lorsque Pépin fonda l’abbaye de Neville, il y fit venir des musiciens et des choristes écossais (Logan, II, 251). — Giraldus compare la lente modulation des Bretons avec les accents rapides des Irlandais ; selon lui, chez les Welsh chacun fait sa partie ; ceux du Cumberland chantent en parties, en octaves et à l’unisson. — Vers 1000, le Welsh Gryffith ap Cynan, ayant été élevé en Irlande, rapporta ses instruments dans son pays, y convoqua les musiciens des deux contrées, et établit vingt-quatre règles pour la réforme de la musique (Powel, Hist. of Cambria.)

Lorsque le christianisme se répandit dans l’Écosse et l’Irlande, les prêtres chrétiens adoptèrent leur goût pour la musique. À table, ils se passaient la harpe de main en main (Bède, IV, 24). Au temps de Giraldus Cambrensis, les évêques faisaient toujours porter avec eux une harpe, — Gunn dit dans son Enquiry : Je possède un ancien poème gallique, où le poète, s’adressant à une vieille harpe, lui demande ce qu’est devenu son premier lustre. Elle répond qu’elle a appartenu à un roi d’Irlande et a assisté à maint royal banquet ; qu’elle a ensuite été successivement dans la possession de Dargo, fils du druide de Beal, de Gaul, de Fillon, d’Oscar, de O’duine, de Diarmid, d’un médecin, d’un barde, et enfin d’un prêtre qui, dans un coin retiré, méditait sur un livre