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HISTOIRE DE FRANCE.

dération, plus ou moins nombreuse, selon qu’elle était puissante ; elle dut l’être au temps de Mellobaud et d’Arbogast, à la fin du ive siècle. Alors les Francs avaient certainement des terres considérables dans l’Empire. Des Germains de toute race composaient sous le nom de Francs les meilleurs corps des armées impériales et la garde même de l’empereur[1]. Cette population flottante, entre la Germanie et l’Empire, se déclara généralement contre les autres barbares qui venaient

    Aurel. Victor, c. xxxiii.) En 277, Probus les battit deux fois sur le Rhin et en établit un grand nombre sur les bords de la mer Noire. On sait le hardi voyage de ces pirates, qui partirent, ennuyés de leur exil, pour aller revoir leur Rhin, pillant sur la route les côtes de l’Asie, de la Grèce et de la Sicile, et vinrent aborder tranquillement dans la Frise ou la Batavie (Zozime, I, 666). — En 293, Constance transporta dans la Gaule une colonie franque. — En 358, Julien repoussa les Chamaves au delà du Rhin et soumit les Salions, etc. — Clovis (ou mieux Hlodwig), battit Syagrius en 486. — Greg. Tur., l. II, c. ix : « Tradunt multi eosdem de Pannoniâ fuisse digressos, et primum quidem litora Rheni amnis incoluisse : dehinc transacto Rheno, Thoringiam transmeasse. »

  1. Amm. Marcelin, l. XV, ad ann. 355… « Franci, quorum ea tempestate in Palatio multitude florebat… » — Lorsque l’empereur Anastase envoya plus tard à Clovis les insignes du consulat, les titres romains étaient déjà familiers aux chefs des Francs. — Agathias dit, peu après, que les Francs sont les plus civilisés des barbares, et qu’ils ne diffèrent des Romains que par la langue et le costume. — Ce n’est pas à dire que ce costume fût dépourvu d’élégance. « Le jeune chef Sigismer, dit Sidonius Apollinaris, marchait précédé ou suivi de chevaux couverts de pierreries étincelantes ; il marchait à pied, paré d’une soie de lait, brillant d’or, ardent de pourpre ; avec ces trois couleurs s’accordaient sa chevelure, son teint et sa peau… Les chefs qui l’entouraient étaient chaussés de fourrures. Les jambes et les genoux étaient nus. Leurs casaques élevées, étroites, bigarrées de diverses couleurs, descendaient à peine aux jarrets, et les manches ne cou-