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PRÉFACE DE 1869.

l’église sans y entrer, pour ainsi dire, sans pénétrer à ce qui fut dedans ? Les uns cherchent aux échos des parvis ou des cloîtres des motifs à leurs mélodies. D’autres, d’un grand effort et d’un puissant ciseau, fouillent les ornements, arment les tours, les combles, de masques redoutables, de gnomes, de diables grimaçants. Mais l’Église elle-même, ce n’est pas tout cela. Refaisons-la d’abord.

Le singulier est là : c’est que le seul qui eût assez d’amour pour recréer, refaire ce monde intérieur de l’église, c’est celui qu’elle n’éleva point, celui qui jamais n’y communia, qui n’eut de foi que l’humanité même, nul credo imposé, rien que le libre esprit.

Celui-ci aborda la morte chose avec un sens humain, ayant le très-grand avantage de n’avoir pas passé par le prêtre, les lourdes formules qui enterrèrent le Moyen âge. L’incantation d’un rituel fini, n’aurait rien fait. Tout serait resté froide cendre. Et d’autre part si l’histoire fût venue dans sa sévérité critique, dans l’absolue justice, je ne sais si ces morts auraient osé revivre. Ils se seraient plutôt cachés dans leurs tombeaux.

J’avais une belle maladie qui assombrit ma jeunesse, mais bien propre à l’historien. J’aimais la mort. J’avais vécu neuf ans à la porte du Père-Lachaise, alors ma