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HISTOIRE DE FRANCE.

dans les cités ; en voici une qu’on a peu remarquée sous l’administration romaine ; ce sont les gouverneurs de province, les consulaires, les correcteurs, les présidents, qui occupent la scène et reviennent sans cesse dans les lois et l’histoire ; dans le vie siècle, leur nom devient beaucoup plus rare : on voit bien encore des ducs, des comtes, auxquels est confié le gouvernement des provinces ; les rois barbares s’efforcent d’hériter de l’administration romaine, de garder les mêmes employés, de faire couler leur pouvoir dans les mêmes canaux ; mais ils n’y réussissent que fort incomplètement, avec grand désordre ; leurs ducs sont plutôt des chefs militaires que des administrateurs ; évidemment les gouverneurs de province n’ont plus la même importance, ne jouent plus le même rôle ; ce sont les gouverneurs de ville qui remplissent l’histoire ; la plupart de ces comtes de Chilpéric, de Gontran, de Théodebert, dont Grégoire de Tours raconte les exactions, sont des comtes de ville, établis dans l’intérieur de leurs murs, à côté de leur évêque. Il y aurait de l’exagération à dire que la province a disparu, mais elle est désorganisée, sans consistance, presque sans réalité. La ville, l’élément primitif du monde romain, survit presque seule à sa ruine. »

C’est qu’une organisation nouvelle allait peu à peu se former, dont la ville ne serait plus l’unique élément, où la campagne, comptée pour rien dans les temps anciens, prendrait place à son tour. Il fallait des siècles pour fonder cet ordre nouveau. Toutefois, dès l’âge de Clovis, deux choses furent accomplies, qui le préparaient de loin.