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MONDE GERMANIQUE.

Sans doute il était plus facile au chef des barbares d’accorder ces privilèges à l’Église, que de les faire respecter. L’aventure d’Attale, enlevé comme esclave si loin de son pays, puis délivré comme par miracle[1], nous apprend combien la protection ecclésiastique était insuffisante. C’était du moins quelque chose qu’elle fût reconnue en droit. Les biens immenses que Clovis assura aux églises, particulièrement à celle de Reims, dont l’évêque était, dit-on, son principal conseiller, durent étendre infiniment cette salutaire influence de l’Église. Quelque bien qu’on mît dans les mains ecclésiastiques, c’était toujours cela de soustrait à la violence, à la brutalité, à la barbarie.

À la mort de Clovis (an 511), ses quatre fils se trouvèrent tous rois, selon l’usage des barbares. Chacun d’eux resta à la tête d’une des lignes militaires que les campements des Francs avaient formées sur la Gaule. Theuderic résidait à Metz ; ses guerriers furent établis dans la France orientale ou Ostrasie et dans l’Auvergne. Clotaire résida à Soissons, Childebert à Paris, Clodomir à Orléans. Ces trois frères se partagèrent en outre les cités de l’Aquitaine.

Dans la réalité, ce ne fut pas la terre que l’on partagea, mais l’armée. Ce genre de partage ne pouvait être que fort inégal. Les guerriers barbares durent passer souvent d’un chef à un autre, et suivre en grand nombre celui dont le courage et l’habileté leur promettaient plus de butin. Ainsi lorsque Theudebert,

  1. Grégoire de Tours.