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HISTOIRE DE FRANCE.

gebert eut les campements de l’Est, ou, comme parlent les chroniqueurs, le royaume d’Ostrasie ; Il résida à Metz : rapproché ainsi des tribus germaniques, dont plusieurs restaient alliées des Francs, il semblait devoir tôt ou tard prévaloir sur ses frères. Chilpéric eut la Neustrie et fut appelé roi de Soissons. Gontran eut la Bourgogne ; sa capitale fut Châlons-sur-Saône. Pour le bizarre royaume de Charibert, qui réunissait Paris et l’Aquitaine, la mort de ce roi répartit ses États entre ses frères. L’influence romaine fut plus forte encore sous ces princes. Nous les voyons généralement livrés à des ministres gaulois, goths ou romains. Ces trois mots sont alors presque synonymes. Dans le commerce des barbares, les vaincus ont pris quelque chose de leur énergie. « Le roi Gontran, dit Grégoire de Tours, honora du patriciat Celsus, homme élevé de taille, fort d’épaules, robuste de bras, plein d’emphase dans ses paroles, d’à-propos dans ses répliques, exercé dans la lecture du droit ; il devint si avide, qu’il spolia fréquemment les églises, etc. » Sigebert choisit un Arverne pour envoyé à Constantinople. Nous trouvons parmi ses serviteurs un Andarchius, « parfaitement instruit dans les œuvres de Virgile, dans le code Théodosien et l’art des calculs[1]. »

C’est à ces Romains qu’il faut désormais attribuer en grande partie ce qui se fait de bien et de mal sous les rois des Francs. C’est à eux qu’on doit rapporter la fiscalité renaissante[2] ; nous les voyons figurer dans la

  1. Grégoire de Tours.
  2. Frédégaire parle de la tyrannie fiscale d’un Protadius, maire du palais en 605, sous Theuderie, et favori de Brunehaut.