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HISTOIRE DE FRANCE.

graves imbéciles ignorent qu’au froid milieu nulle vie ne surgira ; de leur néant glacé sortira… le néant.

La mort peut apparaître au moment de l’amour, dans l’élan créateur. Mais que ce soit alors dans l’infinie tendresse, les larmes et la pitié (c’est de l’amour encore). Aux moments très-émus où je couvai, refis la vie de l’Église chrétienne, j’énonçai sans détour la sentence de sa mort prochaine, j’en étais attendri. La recréant par l’art, je dis à la malade ce que demande à Dieu Ézéchias. Rien de plus. Conclure que je suis catholique ! quoi de plus insensé ! Le croyant ne dit pas cet office des morts sur un agonisant qu’il croit être éternel.


Ces deux volumes réussirent et furent acceptés du public. J’avais posé le premier la France comme une personne. Moins exclusif que Thierry, et subordonnant les races, j’avais marqué fortement le principe géographique des influences locales, et d’autre part, le travail général de la nation qui se crée, se fait elle-même. J’avais dans mon aveugle élan pour le gothique, fait germer du sang la pierre, et l’église fleurir, monter comme la fleur des légendes. Cela plut. Moins à moi. Il y avait une grande flamme. J’y trouvai trop de subtil, trop d’esprit, trop de système.