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HISTOIRE DE FRANCE.

fini. Lui-même paraissait dans les cérémonies solennelles, portant les reliques sur ses épaules, celle entre autres de saint Austremon et de saint Germains des-Près[1].

Charles[2], fils et successeur de Pépin (768), se trouva bientôt seul maître de l’empire par la mort de son frère Carloman, comme l’avaient été Pépin l’Ancien par celle de Martin, et Pépin le Bref par la retraite du premier Carloman. Les deux frères avaient étouffé sans peine la guerre qui se rallumait en Aqui-

  1. Secunda S. Austremonii translatio, ap. Scr. Rer. Fr. V. 433. « Rex, ad instar David regis… oblita regali purpura, præ gaudio omnem illam insignem vestem lacrymis perfundebat, et ante sancti martyris exequias exultabat ; ipsiusque sacratissima membra propriis humeris evehebat. Erat autem hiems. » Translat. S. Germani Pratens., ibid., 428 « … mittentes, tam ipse quam optimates ab ipso electi, manus ad feretrum. »
  2. On dit communément que Charlemagne est la traduction de Carolus Magnus. « Challemaines si vaut autant comme grant Challes. » — Charlemagne n’est qu’une corruption de Carloman, Karl-mann, l’homme fort.

    Les Chroniques de Saint-Denys disent elles-mêmes Challes et Challemaines, pour Charles et Carloman (maine, corruption française de mann : comme lana laine, etc.). On trouve dans la Chronique de Théophane un texte plus positif encore. Il appelle Carloman Καρουλλομαλυος ; Scr. Fr., V, 187. Les deux frères portaient donc le même nom. — Au xe siècle, Charles le Chauve gagna aussi à l’ignorance des moines latins le surnom de Grand, comme son aïeul. Épitaph., ap. Scr. Fr., VII, 322.

    … Nomen qui nomine duxit
    De magni magnus, de Caroli Carolus.
    C’est ainsi que les Grecs se sont trompés sur le nom d’Elagabal, dont ils ont fait, bon gré, mal gré, Héliogabal, du grec Hélios, soleil.