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CELTES ET IBÈRE.

de toucher du doigt les successeurs d’Alexandre pour les faire tomber.

Avant de sortir de l’Asie, elle abattit le seul peuple qui eût pu y renouveler la guerre. Les Galates, établis en Phrygie depuis un siècle, s’y étaient enrichis aux dépens de tous les peuples voisins sur lesquels ils levaient des tributs. Ils avaient entassé les dépouilles de l’Asie Mineure dans leurs retraites du mont Olympe. Un fait caractérise l’opulence et le faste de ces barbares. Un de leurs chefs ou tétrarques publia que, pendant une année entière, il tiendrait table ouverte à tout venant ; et non-seulement il traita la foule qui venait des villes et des campagnes voisines, mais il faisait arrêter et retenir les voyageurs jusqu’à ce qu’ils se fussent assis à sa table.

Quoique la plupart d’entre les Galates eussent refusé de secourir Antiochus, le prêteur Manlius attaqua leurs trois tribus (Trocmes, Tolistoboïes, Tectosages), et les força dans leurs montagnes avec des armes de trait, auxquelles les Gaulois, habitués à combattre avec le sabre et la lance, n’opposaient guère que des cailloux. Manlius leur fit rendre les terres enlevées aux alliés de Rome, les obligea de renoncer au brigandage, et leur imposa l’alliance d’Eumène qui devait les contenir.

Ce n’était pas assez que les Gaulois fussent vaincus dans leurs colonies d’Italie et d’Asie, si les Romains ne pénétraient dans la Gaule, ce foyer des invasions barbares. Ils y furent appelés d’abord par leurs alliés, les Grecs de Marseille, toujours en guerre avec les Gaulois et les Ligures du voisinage. Rome avait besoin d’être maîtresse de l’entrée occidentale de l’Italie qu’occu-