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CELTES ET IBÈRE.

des noces, les bœufs attelés, les armes, le coursier de guerre, annonçaient assez à la vierge qu’elle devenait la compagne des périls de l’homme, qu’ils étaient unis dans une même destinée, à la vie et à la mort (sic vivendum, sic pereundum. Tacit.). C’est à son épouse que le guerrier rapportait ses blessures après la bataille (ad matres et conjuges vulnera referunt ; nec illæ numerare aut exigere plagas pavent). Elle les comptait, les sondait sans pâlir ; car la mort ne devait point les séparer. Ainsi, dans les poëmes Scandinaves, Brunhild se brûle sur le corps de Siegfrid. D’abord les femmes des Cimbres affranchirent leurs enfants par la mort ; elles les étranglèrent ou les jetèrent sous les roues des chariots. Puis elles se pendaient, s’attachaient par un nœud coulant aux cornes des bœufs, et les piquaient ensuite pour se faire écraser. Les chiens de la horde défendirent leurs cadavres ; il fallut les exterminer à coups de flèches.

Ainsi s’évanouit cette terrible apparition du Nord, qui avait jeté tant d’épouvante dans l’Italie. Le mot cimbrique resta synonyme de fort et de terrible. Toutefois, Rome ne sentit point le génie héroïque de ces nations, qui devaient un jour la détruire ; elle crut à son éternité. Les prisonniers qu’on put faire sur les Cimbres furent distribués aux villes comme esclaves publics ou dévoués aux combats de gladiateur.

Marius fit ciseler sur son bouclier la figure d’un Gaulois tirant la langue, image populaire à Rome dès le temps de Porquatus. Le peuple l’appela le troisième fondateur de Rome, après Romulus et Camille. On faisait des libations au nom de Marius, comme en l’hon-