Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/109

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rattache ; des traditions les entourent, de belles légendes, mais vraies. Deux générations sont assez pour qu’ils deviennent antiques, sacrés du temps. La mère dira souvent à la jeune famille : « Celui-ci sauva votre aïeul, et, sans lui, vous n’étiez pas nés. »

Que de visites ils reçoivent de la femme inquiète qui épie le retour ! Le soir, et même la nuit, vous la trouveriez là assise, attendant et demandant que la secourable lumière qui brille là-haut ramène l’absent, le mette au port.

Les anciens, fort justement, dans ces pierres sacrées, honoraient l’autel des dieux sauveurs de l’homme. Pour le cœur en pleine tempête, qui tremble et espère, la chose n’a pas changé, et dans l’obscurité des nuits, celle qui pleure et qui prie y voit l’autel et le dieu même.