Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Oscillation pleine de charme, équivoque toute gracieuse ! Aux limites des deux règnes, l’esprit, sous ces apparences flottantes d’une fantastique féerie, témoigne de son premier réveil. C’est une aube, c’est une aurore. Par les couleurs éclatantes, les nacres ou les émaux, il dit le songe de la nuit et la pensée du jour qui vient.

Pensée ! Osons-nous dire ce mot ? Non, c’est un songe, un rêve encore, mais qui peu à peu s’éclaircit, comme les rêves du matin.



Déjà au nord de l’Afrique, ou de l’autre côté sur le Cap, le végétal qui régnait seul dans la zone tempérée se voit des rivaux animés qui végètent aussi, fleurissent, l’égalent, le surpassent bientôt.

Le grand enchantement commence, et il va toujours augmenter, en s’avançant vers l’équateur.

Des arbustes singuliers, élégants, les gorgones, les isis, étendent leur riche éventail. Le corail rougit sur les flots.

À côté des brillants parterres d’une iris de toute couleur commencent les plantes de pierres, les madrépores où toutes branches (faut-il dire leurs mains et leurs doigts ?) fleurissent d’une neige rosée comme celle des pêchers, des pommiers. Sept cents