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Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/185

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de régulier qui indiquerait une fonction naturelle, la contraction et dilatation d’un être qui souffle le feu.

Cependant, à l’horizon, des serpents enflammés s’agitent sur une infinie longueur (parfois vingt-cinq ou trente lieues). Les biphores et les salpas, êtres transparents qui traversent et la mer et le phosphore, donnent cette comédie serpentine. Étonnante association qui mène ces danses effrénées, puis se sépare. Séparés, ses membres libres font des petits libres encore, qui, à leur tour, engendreront des républiques dansantes, pour répandre sur la mer cette bacchanale de feu.

De grandes flottes, plus paisibles, promènent sur les flots des lumières. Les vélelles allument la nuit leurs petites embarcations. Les béroés vont triomphantes comme des flammes. Nulles plus magiques que celles de nos méduses. Est-ce un pur effet physique, comme celui qui fait serpenter les salpas injectés de feu ? Est-ce un acte d’aspiration, comme d’autres en donnent l’idée ? Est-ce caprice, comme chez tant d’êtres qui se jouent aux étincelles d’une vaine et inconstante joie ? Non, les nobles et belles méduses (comme l’Océanique à couronne, comme la charmante Dionée) semblent exprimer des pensées graves. Sous elles, leurs cheveux lumineux, comme une sombre lampe qui veille, lancent des lueurs mystérieuses d’émeraude et d’autres cou-