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La beauté du monde qui vient sera l’harmonie des formes doubles, leur équilibre, la grâce de leur oscillation. Des mollusques jusqu’à l’homme, tout être est fait désormais de deux moitiés associées. En chaque animal se trouve (mieux que l’unité) l’union.

Le chef-d’œuvre de l’oursin avait dépassé le but même ; ce miracle de la défense avait fait un prisonnier ; il s’était non seulement enfermé, mais enseveli, s’était creusé une tombe. Sa perfection d’isolement l’avait séquestré, mis à part, privé de toute relation qui fait le progrès.

Pour que le progrès reprenne par une ascension régulière, il faut descendre très bas, à l’embryon élémentaire, qui d’abord n’aura de mouvement que celui des éléments. Le nouvel être est le serf de la planète, à ce point que, dans son œuf, il tourne comme la terre, décrivant sa double roue, sa rotation sur elle-même et sa rotation générale.

Même émancipé de l’œuf, grandissant, devenant adulte, il restera embryon ; c’est son nom, mou ou mollusque. Il représentera dans une vague ébauche le progrès des vies supérieures. Il en sera le fœtus, la larve ou nymphe, comme celle de l’insecte, en qui, repliés et cachés, se trouvent pourtant les organes de l’être ailé qui doit venir.