Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/233

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grades, qui considère l’enveloppe comme chose subordonnée et concentre la force en soi.

Le crustacé s’entourait comme d’un squelette extérieur. Le poisson se le fait au centre, en son intime intérieur, sur l’axe où les nerfs, les muscles, tout organe viendra s’attacher.

Fantasque invention, ce semble, et au rebours du bon sens : placer le dur, le solide, précisément à l’endroit que garde si bien la chair ! L’os, si utile au dehors, le mettre à la place profonde où sa dureté sert si peu !

Le crustacé dut en rire, quand il vit la première fois un être mou, gros, trapu (les poissons de la mer des Indes), qui, s’essayant, glissait, coulait, sans coquille, armure, ni défense ; n’ayant sa force qu’au dedans, protégé uniquement par sa fluidité gluante, par le mucus exubérant qui l’entoure, et qui, peu à peu, se fixe en écailles élastiques. Molle cuirasse qui prête et plie, qui cède sans céder tout à fait.



C’était une révolution analogue à celle de Gustave-Adolphe quand il allégea son soldat des puissantes armures de fer, ne lui couvrant plus la