Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/313

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étaient dans un petit espace enfermés en champ clos. Mais rarement il en est ainsi. Le plus souvent, ce tournoiement d’air et d’eau est immense, dans un cercle de dix, vingt, trente lieues. Cela donne au vaisseau des chances pour observer et se tenir à une honnête distance. Le point est de savoir surtout où elle est centrale, cette trombe, où elle a son foyer d’attraction ; puis de connaître son allure, sa vitesse à venir vous joindre.



C’est une belle lumière pour le marin de marcher aujourd’hui entre ces deux flambeaux ! D’un côté, son Maury lui enseigne les lois générales de l’air et de la mer, l’art de choisir et suivre les courants ; il le dirige par des voies calculées, qui sont comme les rues de l’Océan. D’autre côté, son Piddington, dans un petit volume, lui résume et lui met en train l’expérience des tempêtes, ce qu’on fit pour les éviter, parfois pour en profiter même.

Cela explique et justifie les belles paroles d’un Hollandais, le capitaine Jansen : « Sur mer, la première impression est le sentiment de l’abîme, de l’infini, de notre néant. Sur le plus grand navire, on se sent toujours en péril. Mais, lorsque les yeux