Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/374

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graduée de stations, plus ou moins douces, plus ou moins fortifiantes. Il est très intéressant d’observer cette double gamme, et le plus souvent de la suivre, en allant du faible au fort.

Celle de l’Océan, qui part des eaux fortes et fortifiantes, ventées, agitées, de la Manche, s’adoucit extrêmement au midi de la Bretagne, s’humanise encore en Gironde et trouve une grande douceur au bassin fermé d’Arcachon.

Celle de la Méditerranée, pour ainsi dire circulaire, a sa note la plus haute dans le climat sec et vif de Provence et de Gênes. Elle s’amollit vers Pise ; elle s’équilibre en Sicile, obtient à Alger un degré remarquable de fixité. Au retour, grande douceur à Valence et à Majorque, aux petits ports du Roussillon, si bien abrités du nord.



La Méditerranée est belle surtout par deux caractères : son cadre si harmonique, et la vivacité, la transparence de l’air et de la lumière. C’est une mer bleue très amère, très salée. Elle perd par évaporation trois fois plus d’eau qu’elle n’en reçoit par les fleuves. Elle ne serait plus que le sel, et deviendrait d’une âcreté comparable à la mer Morte,