Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/378

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et nous ravive. Tout cela, bien entendu, moins violent à l’entrée de la Seine, sous les pommiers d’Honfleur et de Trouville. La bonne rivière, en sortant, incline mollement à gauche et y porte les influences d’un aimable et doux caractère.

On a vu plus haut la mer véhémente, souvent terrible, de Granville, Saint-Malo, Cancale. C’est là la meilleure école où doivent aller les jeunes gens. Là est le défi de la mer à l’homme, la lutte où les forts deviennent très forts. La grande gymnastique navale doit se faire dans ces parages entre Normands et Bretons.



S’il s’agissait, au contraire, d’une vie entamée, fragile, d’un enfant faible et maladif, ou d’une femme trop aimée, fatiguée du travail d’amour, nous chercherions un lieu plus doux pour abriter ce trésor. Une plage tout à fait paisible et une eau déjà moins froide, sans aller beaucoup au Midi, c’est celle qu’on trouve au milieu des petites îles ou presqu’îles endormies du Morbihan. Tous ces îlots font entre eux un labyrinthe mêlé plus que celui où jadis un roi cacha sa Rosamonde. Confiez