Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/382

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Grande dépense pour une fortune médiocre et peu aisée. Pénible dérangement pour une maîtresse de maison. Dure séparation, surtout pour des époux très unis. On négocie. On voudrait faire adoucir la sentence. Un mois ne suffirait-il pas ? Mais le très sage médecin insiste. Il croit qu’un court séjour nuit souvent plus qu’il ne sert. L’impression brusque, violente des bains, sans préparation, est très propre à ébranler les santés les plus robustes. Toute personne raisonnable doit s’acclimater d’abord, respirer : le mois de juin est excellent pour cela ; — juillet et août pour les bains ; — septembre et parfois même octobre délassent des grandes chaleurs, adoucissent l’excitation qu’a produite l’âcreté saline, consolident les résultats, et même par leurs grands vents frais aguerrissent contre les froids de l’hiver.

Peu d’hommes sont libres tout l’été. C’est beaucoup si le mari pourra rejoindre sa femme un mois ou deux, en août, septembre. Quelque disposé qu’il soit à lui sacrifier tout intérêt secondaire, pour elle-même il doit rester. Il est, dans la vie serrée de l’homme de labeur, des chaînes qu’il ne pourrait rompre qu’au grand détriment de la famille. Donc il faut qu’elle parte seule. Et les voilà divorcés !

Seule ? Elle ne l’a jamais été. Elle serait plus rassurée si elle suivait une famille d’amis riches, qui