Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/397

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espaces immenses, inconnus. Le mystérieux fond de la mer, sur lequel on fait tant de rêves, apparaît. Vous surprenez là, dans le mouvement, dans la vie, dans le secret de leurs retraites, des populations étonnées qui se croyaient bien à l’abri, et qui, jamais, presque jamais, n’avaient été sous le soleil, encore moins sous les yeux de l’homme.

Rassurez-vous, peuple effrayé. C’est ici l’œil curieux, mais compatissant, d’une femme. Ce n’est pas la main du pêcheur. Que veut celle-ci ? Rien que vous voir, vous saluer, vous montrer à son enfant, et vous laisser à votre élément naturel, en vous souhaitant bonne santé et toute prospérité.

Parfois il n’est pas nécessaire d’errer bien loin. On trouve tout en un point. L’Océan s’amuse à faire dans le rocher creusé des océans en miniature qui n’en sont pas moins complets, un monde de quelques pieds carrés. On s’assoit, et l’on regarde. Plus on regarde longtemps, plus on voit des vies, d’abord inaperçues, qui se détachent. On y resterait indéfiniment, si le maître, le souverain impérieux de la plage, ne vous en chassait par le flux.

Demain, on y retournera. C’est l’école, c’est le muséum, l’intarissable amusement pour l’enfant et pour la mère. Là, la pénétrante finesse de la femme, et son tendre cœur, tout d’abord saisissent et devinent. La maternité lui dit tout, comment la