Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/404

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sonne n’ira affronter une chose si pénible, si l’on peut chez soi suppléer, sans danger, par une douce et prudente hydrothérapie.

Ajoutez que l’impression, comme si elle n’était assez forte, s’aggrave pour la femme nerveuse de la présence de la foule. C’est une cruelle exhibition devant un monde critique, devant les rivales charmées de la trouver laide une fois, devant les hommes légers, sottement rieurs et sans pitié, qui observent, la lorgnette en main, les tristes hasards de toilette d’une pauvre femme humiliée.

Pour endurer tout cela, il faut que la malade ait foi, une foi forte à la mer, qu’elle croie qu’aucun autre remède ne servirait, qu’elle veuille à tout prix s’imbiber des vertus de ses eaux.

« Pourquoi pas ? disent les Allemands. Si le premier moment du bain vous contracte et ferme vos pores, le second, la réaction de chaleur qui vient ensuite, les rouvre, dilate la peau, et la rend fort susceptible d’absorber la vie de la mer. »

Les deux opérations se font presque toujours en cinq ou six minutes. Au delà, le bain nuit souvent.

Du reste, il ne faut arriver à cette violente émotion des bains froids que préparé par l’usage des bains tièdes qui facilitent l’absorption. Notre peau, qui, tout entière, se compose de petites bouches, et qui à sa façon absorbe et digère comme l’esto-