Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/429

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aux villes secondaires, leurs prodigieux aqueducs, leurs Pont-du-Gard, etc., les thermes immenses où la foule venait se baigner gratis (tout au plus pour une obole), on sent leur haute sagesse. Ils eurent aussi les piscines d’eau de mer, où l’on nageait. Ce qu’ils firent pour une plèbe oisive et improductive, hésiterions-nous à le faire pour sauver la race de ces créatures uniques qui font tout le progrès du globe ?

Je ne parle pas ici des enfants seuls, mais de tous. Chaque ville a aujourd’hui dans son sein une autre ville encombrée, c’est l’hôpital, où le travailleur défaillant vient, revient sans cesse. Il coûte aussi énormément, à qui ? aux autres travailleurs, qui, en dernière analyse, portent toute dépense publique. Il meurt jeune, laisse les siens à leur charge. Il serait bien plus aisé de prévenir que de guérir. L’homme pour qui l’on peut beaucoup, c’est moins le malade que celui qui va le devenir, qui est au bout de ses forces. Dix jours de repos à la mer le remettraient, conserveraient un solide travailleur. Le transport, le très simple abri d’un si court séjour d’été, une table publique à bas prix, coûteraient infiniment moins qu’un long séjour d’hôpital. Et l’homme serait sauvé, la famille et les enfants ; un homme souvent irréparable ; car, je l’ai dit, chacun d’eux est la production tar-