Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/432

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ses courants, le jeu de ses artères et de ses veines dont les premières lancent l’eau salée de l’équateur aux pôles, les secondes la ramènent dessalée du pôle à l’équateur ;

3o La troisième question, la plus intérieure, dont la nouvelle chimie donnera l’éclaircissement, c’est celle de la nature propre du mucus marin, de ce gluant gélatineux qu’offre partout l’eau de mer, et qui paraît être un liquide vivant.

C’est tout récemment que la sonde de Brooke, et spécialement les sondages du cable transatlantique, ont commencé à révéler le fond de la mer.

Est-elle peuplée dans ses profondeurs ? On le niait ; Forbes, James Ross, y ont trouvé partout la vie.

Avant ces belles découvertes qui n’ont pas vingt années de date, on ne pouvait entreprendre le livre de la Mer. Celui de M. Hartwig en fut le premier essai.

Pour moi, j’étais encore loin de cette idée, lorsqu’en 1845, préparant mon livre le Peuple, je commençai en Normandie l’étude de la population des côtes. Dans les quinze dernières années, ce sujet vaste et difficile a été grandissant pour moi et m’a suivi de plage en plage.


Le Ier livre, un Regard sur les Mers, n’est, comme ce titre l’indique, qu’une promenade préalable. Toutes les matières importantes reviendront dans les livres suivants.

J’en excepte deux, les Marées et les Phares. Ici, mon guide principal a été M. Chazallon ; son important Annuaire, qui compte aujourd’hui vingt volumes. Le premier est de 1839. Si l’on donnait une couronne civique à celui qui sauve une vie humaine, combien n’en eût-il pas reçu ! Jusqu’à lui, les erreurs sur les marées étaient énormes. Par un travail immense, il a rectifié les obser-