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Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/438

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un établissement de ce genre. Qu’il me soit permis d’exprimer mes vœux :

Le premier, c’est qu’on ne centralise pas les enfants dans un même lieu ; qu’on ne fasse pas un Versailles, une fondation fastueuse, mais plusieurs petits établissements dans des stations différentes, où les jeunes malades soient répartis selon la différence des maladies et des tempéraments.

Mon second vœu, c’est que cette création, pour être durable, profite à l’État, loin de lui être onéreuse ; que les enfants trouvés que l’on y placerait, les convalescents valides, les malades rétablis, soient employés, selon les lieux, aux travaux les moins fatigants des ports et de la navigation, aux métiers qui s’y rattachent, qu’ils y prennent l’habitude et le goût de la vie marine. Lorsque des populations malheureusement trop nombreuses de pêcheurs et de matelots tournent le dos à la mer et se font industrielles, il faut suppléer à cette désertion. Il faut faire des hommes tout neufs, qui n’aient pas entendu débattre dans la cabane paternelle les profits de la vie prudente, abritée, de l’intérieur.

Il faut que l’adoption de la France crée un peuple de marins qui, voué d’avance à son métier héroïque, le préfère à tout ; qui, dès les premières années, bercé par la Mer, n’aime que cette grande nourrice et ne la distingue pas de la Patrie elle-même.


fin