Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/63

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de l’air, de l’eau, les saisons, les vents, les tempêtes, restaient dans la tradition, dans la mémoire des pêcheurs, des marins, se perdaient souvent, mouraient avec eux. Le guide de la navigation, la météorologie, non centralisée, semblait vaine, et on en vint à la nier. L’illustre M. Biot lui demandait un compte sévère du peu qu’elle avait fait encore. Cependant, sur les deux rivages, européen, américain, des hommes persévérants fondaient cette science niée sur la base de l’observation.

Le dernier et le plus célèbre, Maury, l’Américain, courageusement entreprit ce qui eût fait reculer toute une administration. Le dépouillement et la mise en ordre de je ne sais combien de livres de bord, de ces informes documents, souvent tronqués, que rapportent les capitaines. Ces extraits, rédigés en tables où ressortent les faits concordants, ont donné, en résultat, des règles, des généralités. Un congrès des marins du globe, réuni à Bruxelles, a décidé que les observations, désormais écrites avec soin, seraient centralisées dans un même dépôt, l’Observatoire de Washington.

Noble hommage de l’Europe à la jeune Amérique, au patient et ingénieux Maury, le savant poète de la mer, qui en a résumé les lois, et qui