Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/69

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Un fait énorme, qu’il pose, mais secondairement, de profil, c’est que l’infini vivant de la mer, les milliards de milliards d’êtres qu’elle fait et défait sans cesse, absorbent le lait de vie, l’écume mêlée à ses eaux, leur ôtent leurs sels divers, dont ils se font, eux et leurs coquilles, etc., etc. Par là, ils rendent cette eau dessalée, donc plus légère, partant mobile et courante. Aux laboratoires puissants d’organisation animale, comme celui de la mer des Indes, celui de la mer de Corail, cette force, ailleurs moins remarquée, apparaît ce qu’elle est, immense.

« Chacun de ces imperceptibles, dit Maury, change l’équilibre de l’Océan ; ils l’harmonisent, et sont ses compensateurs. » — Est-ce assez dire ? ne seraient-ils pas ses moteurs essentiels, qui ont créé ses grands courants, mis la machine en mouvement ? Qui sait si ce circulus vital de l’animalité marine n’est pas le point de départ de tout le circulus physique, si la mer animalisée ne donne pas le branle éternelle à la mer animalisable, non organisée encore, mais ne demandant qu’à l’être et fermentant de vie prochaine ?