Page:Michelet - La Mer, 1875.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

personne, en ce pays, ne se livre à la pêche, qu’à ce lieu de grand combat où il s’agit à chaque heure de diriger et sauver les vaisseaux, on ne songe guère à convoiter l’huile d’un marsouin.

À cette gaieté des eaux joignez la belle et unique harmonie des deux rivages. Les riches vignes du Médoc regardent les moissons de la Saintonge, son agriculture variée. Le ciel n’a pas la beauté fixe, quelquefois un peu monotone, de la Méditerranée. Celui-ci est très changeant. Des eaux de mer et des eaux douces s’élèvent des nuages irisés qui projettent, sur le miroir d’où ils viennent, d’étranges couleurs, verts clairs, roses et violets. Des créations fantastiques, qu’on ne voit un moment que pour les regretter, décorent des monuments bizarres, d’arcades hardies, de ponts sublimes, parfois d’arcs de triomphe, la porte de l’Océan.

Les deux plages demi-circulaires, de Royan et de Saint-Georges, sur leur sable fin, donnent aux pieds les plus délicats la plus douce promenade qu’on prolonge sans se lasser dans la senteur des pins qui égayent la dune de leur jeune verdure. Les beaux promontoires qui séparent ces plages, et les landes de l’intérieur vous envoient, même de loin, de salubres émanations. Celle qui domine aux dunes est quelque peu médicale, c’est l’odeur miellée des immortelles, où semblent se concentrer