Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/11

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Ceux qui avaient été dans l’antre de la Bête, même sortis et revenus ici, n’en parlaient guère, ou du moins parlaient bas.

La Russie a toujours spéculé sur cette terreur. Son 93 permanent avait besoin de rester exécrable, pour ne pas être ridicule. Elle aurait tué pour un regard. Malheur à qui voyait ! Un Français, trop observateur, M. Pernet, est à Moscou. Sans cause ni prétexte, on l’enferme au Kremlin, aux bas cachots dont les fenêtres grillées donnent sur les fossés. Là, on lui administre un abominable spectacle, un supplice de femmes : deux filles que l’on battait à mort. Il crut qu’il en mourrait lui-même, ou en deviendrait fou. On comptait bien qu’il ne sortirait jamais de là, ou que, s’il en sortait, saisi, terrifié pour toujours, il ne parlerait jamais de la Russie.