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Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/145

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guerrier. L’invasion des jésuites en Pologne, leurs persécutions, ont séparé de vous, livré à vos ennemis, vos frères du rit grec, les Cosaques. Cette lance acérée qui depuis entra au cœur de la Pologne, qui l’a donnée à la Russie, sinon le catholicisme ?

C’est le catholicisme encore qui, au milieu du dernier siècle, excluant les dissidents de l’élection royale, donna prétexte à la Russie et la popularisa en Europe comme défenseur de la liberté religieuse contre le clergé polonais.

Ceux qui voudraient aujourd’hui asseoir votre nationalité sur ce qui vous a perdus, sont vos plus cruels ennemis. Qu’ils le sachent ou non, ils vous perdent. En donnant le catholicisme comme caractère essentiel de la nationalité polonaise, ils éloignent à jamais de vous vos jeunes frères du Danube, les Slaves, fils de l’Église grecque, qui, si la Pologne se proclame étrangère à eux par l’opposition de sa foi, écouteront la Russie.

Malheureux prêtres, n’est-ce pas assez d’avoir, il y a deux cents ans, découvert le flanc de la Pologne, de l’avoir désarmée de sa vaillante barrière, la nation des Cosaques ; aujourd’hui, vous lui ôtez ces frères, ces alliés nouveaux, que venait de lui susciter la bonté de la providence. Ces Slaves, nés d’hier comme peuple, ils regardent de tous côtés, ils se cherchent des parents, ils ont besoin d’aimer une grande nation, ils vont se cherchant des frères. Ça Pologne leur