Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toute la vie inférieure de la Russie le serf et le village, la condition de la culture et du cultivateur.

L’Allemand, ainsi mené, va lentement de commune en commune, regarde, observe, interroge, autant qu’il peut ; et, quel que soit son respect un peu servile pour le gouvernement, sa déférence respectueuse pour les grands personnages qui le conduisent sur leurs terres, il conserve (du moins dans son premier volume) une remarquable liberté de jugement.

Quelle conclusion supposez-vous à cette enquête ainsi conduite par les intéressés ? la plus inattendue ; et elle fait beaucoup d’honneur à M. Haxthausen

Il ne la résume pas sous forme générale, mais il constate à chaque instant que la culture et le cultivateur sont misérables, qu’ils produisent très peu, que l’homme, imprévoyant et sans vue d’avenir, est peu capable d’amélioration.

La population augmente, dit-on, rapidement. La production n’augmente pas ; l’activité est nulle. Contraste étrange : la vie se multiplie, et elle semble frappée de langueur et de mort.

Un mot explique tout, et ce mot contient la Russie.

La vie russe, c’est le communisme.

Forme unique, exclusive de cette société, à peu près sans exception. Sous l’autorité du seigneur, la commune distribue la terre, la partage à ses membres, ici tous les dix ans, là la sixième année, la quatrième ou la troisième, même en certains lieux tous les ans.