Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/66

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assisteront à une cruelle mais très curieuse expérience politique et physiologique, celle de voir comment l’animal à sang froid, fixant incessamment de son terne regard l’animal à sang chaud, comme un affreux boa sur un noble cheval, l’attacha, le lia de sa fascination, jusqu’à ce qu’il pût le sucer, affaibli, abattu.

Cela commence doucement. C’est un regard d’intérêt d’abord, une attention de bon voisinage. L’inquiétude fraternelle que donnent à la Russie les dissensions de la Pologne.

Et elle aime tant cette Pologne, qu’elle ne peut souffrir qu’aucun Polonais soit opprimé par les autres. Philosophe enthousiaste de la tolérance, elle s’intéresse particulièrement aux dissidents ; elle vient au secours de la liberté religieuse.

C’est le premier moyen de dissolution, la première opération de la Russie sur la Pologne.

Catherine, à ce moment même, venait de prendre les biens des monastères russes. Elle n’était pas sans inquiétude. Elle imagina de lancer la Russie dans une guerre religieuse, de faire croire aux paysans qu’il s’agissait de défendre leurs, frères du rit grec, persécutés en Pologne par les hommes du rit latin. La guerre prit un caractère de barbarie effroyable. Sous, l’impulsion de cette femme athée, qui prêchait la croisade, on vit des populations, des villages entiers torturés, brûlés vifs, au nom de la tolérance.

Tout cela, uniquement