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Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/71

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et studieux, dans sa solitude, avait quelque chose de violent,, de fougueux, d’indompté. Ce qui le ramenait à la douceur, lui mettait le mors à la bride, si l’on peut ainsi parler, c’était son amour de la famille, spécialement les égards et la protection chevaleresque qu’il sentait devoir à ses sœurs, deux petites filles très jeunes. De là peut-être la noble et pure tendresse qu’il eut généralement pour la femme, et la prédilection singulière pour les enfants qu’il montra toute sa vie.

Il arriva aux écoles dans un moment triste et dramatique, au moment où la Pologne accepta un roi de la main des Russes. Le vrai roi fut dès lors l’ambassadeur de Russie, le féroce Repnin, On vit celui-ci, sans honte ni pudeur, sans pitié d’un peuple si fier, enlever du milieu de la diète les membres opposants et les envoyer en Russie {1767}. Nul doute que ces spectacles n’aient puissamment remué le cœur du jeune Kosciusko, doublé ses efforts ; il avait hâte de servir sa patrie humiliée. Il prolongeait ses études bien avant dans la nuit, se plongeait les pieds dans l’eau froide pour combattre le sommeil. Dure épreuve dans un tel climat. Chaque soir, il avertissait le veilleur qui, toute la nuit, entretenait les feux et chauffait les bâtiments de l’école. Un cordon lié à son bras, et circulant dans les corridors, le tirait du lit à trois heures.

Chaque année, on désignait, sur un examen, quatre élèves voyageurs qui devaient se perfectionner dans les