Page:Michelet - La Pologne martyr, Dentu, 1863.djvu/78

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ses querelles intérieures, à l’étroite atmosphère où elle étouffait, la répandit dans l’univers. Partout où il y’eut de la guerre et de la gloire, partout où la liberté livra ses combats, il y eut du sang polonais. On le retrouve, ce sang, comme un ferment d’héroïsme, dans les fondements vénérés des républiques des deux mondes.

Un Polonais a dit là-dessus une chose ingénieuse et sublime : " le peuple de Copernic, le peuple qui dans l’astronomie eut l’intrépidité scientifique de lancer pour la première fois la terre dans l’espace, devait mobiliser la patrie, la lancer par toute la terre.

C’était une belle occasion pour un Polonais que cette guerre d’Amérique. Un grand souffle de jeunesse, un poétique élan de révolution, animaient ces volontaires de toute nation, qui étaient accourus là. Tous étaient très purs encore, beaux de désintéresse ment et d’innocence. Les Lafayette, les Lameth, les Miranda, les Barras, étaient bien loin de deviner le rôle qu’ils joueraient un jour. Libres encore d’ambition, ils ne voulaient rien pour eux-mêmes, tout pour la liberté du monde !

Kosciusko fut accueilli par les Français comme un compatriote et un camarade d’école. La Fayet te, admirateur de son bouillant courage, ne perdit pas une occasion de le faire remarquer de Washington. Ingénieur, colonel, enfin général de brigade, Kosciusko montra, avec l’intrépidité polonaise, une fermeté plus