Aller au contenu

Page:Michelet - La femme.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’une et l’autre, le matin, le soir, font d’abondantes ablutions, tièdes, ou plutôt un peu froides. Tout se tient. Plus la petite verra sa mère attentive à se tenir nette, plus elle voudra l’être elle-même de corps, et bientôt de cœur.

Pureté d’air et de milieu. Pureté, unité d’influences. Point de bonne qui gâte en dessous tout ce qu’on fait en dessus, flattant la petite et lui faisant trouver la maman sévère.

Pureté surtout de régime et de nourriture. Que doit-on entendre par là ?

J’entends que la petite fille ait une nourriture d’enfant, qu’elle continue le régime lacté, doux, calme et peu excitant ; que, si elle mange à votre table, elle soit habituée à ne point toucher à vos aliments, qui sont des poisons pour elle. Une révolution s’est faite ; nous avons quitté le sobre régime français, adopté de plus en plus la cuisine lourde et sanglante de nos voisins, appropriée à leur climat bien plus qu’au nôtre. Le pis, c’est que nous infligeons ce régime à nos enfants. Spectacle étrange de voir une mère donner à sa fille, qu’hier encore elle allaitait, cette grossière alimentation de viandes sanglantes, et les dangereux excitants, le vin, l’exaltation même, le café ! Elle s’étonne de la voir violente, fantasque, passionnée. C’est elle qu’elle en doit accuser.