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Page:Michelet - La femme.djvu/161

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t’étais piquée au rosier. Je voulais soigner ta blessure, et je ne le pouvais pas : tu restais blessée pour la vie… J’étais morte, et je voyais tout. — Oh ! maman, ne mourez jamais ! » Et elle se jeta, rougissante, dans les bras de sa mère.

Ces trois personnes, à ce moment, étaient bien unies de cœur. Et que j’ai tort de dire trois ! Non, c’était une personne. Ils vivaient d’amour dans leur fille, elle en eux. Ce n’était la peine de rien dire, s’entendant si bien. On ne se voyait guère non plus, car c’était déjà le soir. Ils allaient obscurs, indistincts, le père l’appuyant de son bras, la mère enlaçant la petite, s’appuyant sur elle.

On n’entendait plus de chants, mais quelques légers bruits d’oiseaux, leurs dernières causeries intimes en se serrant dans le nid. Cela très-charmant, très-divers. Les uns bruyants et pressés, tout joyeux de se retrouver. D’autres, plus mélancoliques, inquiets des ombres de la nuit, semblaient se dire : « Qui est sûr de se réveiller demain ? » Le rossignol, confiant, regagna son nid presque à terre, croisa l’allée, presque à leurs pieds, et la mère émue lui dit ce bonsoir : « Dieu te garde, mon pauvre petit ! »