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Page:Michelet - La femme.djvu/174

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vieux, tandis qu’on leur laisse ignorer l’enfance, la jeunesse du monde ? Si l’on recueillait quelques hymnes vraiment éthérés des Védas, telles prières, telles lois de la Perse, si pures et si héroïques, en y joignant plusieurs des touchantes pastorales bibliques (Jacob, Ruth, Tobie, etc.), on donnerait à la jeune fille un merveilleux bouquet de fleurs, dont le parfum, de bonne heure respiré et lentement, imprégnerait son âme innocente et lui resterait toujours.

Point de choses compliquées de longtemps. Loin, loin les Dante et les Shakespeare, les sophistes et les magiciens de la vieillesse du monde. Plus loin, les romans historiques, funeste littérature, qu’on ne peut plus désapprendre et qui fait solidement ignorer l’histoire à jamais.

Je veux des chants de nourrice, comme l’Iliade et l’Odyssée. Celle-ci est le livre de tous, le meilleur pour un jeune esprit. Livre jeune aussi, mais si sage !

Du reste, pour savoir les livres qui lui vont, il faut les classer par le degré de lumière qui les éclaire et les colore. Chaque littérature semble répondre à quelque moment du jour. Hérodote, Homère, ont partout comme un reflet du matin, et il en reste dans tous les souvenirs de la Grèce. L’aurore semble toujours luire sur ses monuments.