tastrophe de l’Italie. C’est quand on est mort plusieurs fois qu’on peut dire ou peindre ainsi.
« Avec cette belle mamelle pleine, c’est une vierge et non une femme. Les femmes sont plus timides. Celle-ci n’a pas été domptée ; elle n’a rien de sinueux, ne flotte à droite ni à gauche. Elle n’a ni peur, ni doute. Voilà de pauvres affamés… C’est tout… Elle les nourrit.
« Il faut savoir qu’à cette époque, un homme traversant les Alpes, trouva un troupeau immense de milliers d’enfants, dont les parents étaient morts, et qui broutaient à quatre pattes, conduits par une vieille femme.
« Devant cette masse horrible de misère, de saleté, une autre eût pleuré, mais eût fui. Celle-ci, jeune, héroïque, qui n’a peur ni dégoût de rien, en ramasse à pleines mains, et les met à sa mamelle.
« Un est à ses pieds, fort maigre, et les côtes toutes marquées, il est recru, épuisé, n’en peut plus, de fatigue et de sommeil, il est tombé sur une pierre. Comme elle n’a que deux bras, elle n’a pris que deux enfants. Elle en a mis un à son sein, son riche sein, gonflé de lait ; il est en pleine jouissance ; sa bouche avide et gloutonne (il y a si longtemps qu’il pâtit ! ) presse le beau jeune mamelon, rouge de vie, rouge d’amour, de sang pur et généreux.