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Page:Michelet - La femme.djvu/243

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de consulter leur fantaisie, un certain idéal, plus ou moins romanesque, que la plupart ont dans l’esprit.

Double idéal, mais toujours faux. Qu’on me permette de parler franchement.

Elles aiment l’énergie mâle, la force, et elles ont raison. Mais c’est beaucoup moins la force productive et créatrice, que l’énergie destructive. Étrangères aux grands travaux, ignorant parfaitement ce qu’il y faut de force d’âme, elles ne comprennent de vaillance que les audaces éphémères qui suffisent aux champs de bataille, et, croient, comme les enfants, que le beau, c’est de casser tout. Notez encore que les braves en paroles, près d’elles, ont tout l’avantage. Elles comptent peu le vrai brave qui se tait, hausse les épaules.

Elles ne jugent pas plus sainement dans le doux que dans le fort. Elles trouvent un grand attrait dans celui qui leur ressemble, la poupée qui n’est d’aucun sexe. Elles placent fort maladroitement un petit roman sensuel sur celui qui n’est bon à rien, un page-fille, Chérubin, un berger d’opéra-comique, Némorin, plus femme qu’Estelle. Dans les romans qu’elles écrivent, dit très-bien Proudhon, elles n’arrivent jamais à créer un homme, un vrai mâle ; leur héros est un homme-femme.

Maintenant, dans la vie réelle, et dans cette