Aller au contenu

Page:Michelet - La femme.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas à la mode, les jeunes gens sont si blasés, si froids, ils trouvent partout tant d’occasions de plaisir, désirent si peu se fixer !… Les temps de la chevalerie sont aujourd’hui bien loin de nous. »

Madame, dans tous les temps, l’homme ne désire vivement que le difficile. Dans ces temps chevaleresques, pensez-vous donc que le jeune écuyer n’eût pas à discrétion toutes les serves du voisinage ? Dans le singulier pêle-mêle et l’entassement confus de la maison féodale, le page avait à volonté force filles, force demoiselles. Eh bien ! la seule qu’il voulût, c’était la plus fière, l’impossible, — celle qui lui faisait la vie dure. Pour celle-là, dont il n’avait rien, il voulait être un chevalier. Pour elle, il allait mourir à Jérusalem et lui léguait son cœur sanglant.




Aujourd’hui, la croisade est autre, elle est surtout dans le travail et l’étude, dans l’effort immense que le jeune homme doit faire et pour se creuser le sillon d’une spécialité forte, et pour éclairer cette spécialité par toute la science humaine. Tout se tient, et, désormais, celui qui ne saura pas tout ne peut savoir une chose.

Je vois d’ici, rue Saint-Jacques, par le hasard