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Page:Michelet - La femme.djvu/300

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attribut de l’amour : qu’en sa brûlante crise il n’ait plus son vertige, ni son obscurité, qu’il soit Dieu en pleine lumière.




« On aime, disent-ils, parce qu’on ne se connaît pas encore. Dès qu’on connaît, on n’aime plus. »

Qui donc connaît ? je ne vois dans le monde que des gens qui s’ignorent, qui dans la même chambre vivent étrangers l’un à l’autre ; qui, maladroits, ayant manqué d’abord le côté par où ils auraient pu se pénétrer, restent découragés, inertes, stupidement juxtaposés, comme une pierre contre une pierre. Qui sait ? la pierre frappée eût donné l’étincelle, et peut-être l’or ou le diamant.

C’est encore un dicton : « Le mariage fait, adieu l’amour. »

Le mariage ? et où est-il ? je ne le vois presque nulle part. Tous les époux que je connais ne sont presque pas mariés.

Ce mot de mariage est élastique. Il admet une immense latitude thermométrique. Tel est marié à vingt degrés, tel à dix, et tel à zéro. Spécifions toujours, et disons : « De combien sont-ils mariés ? »