Page:Michelet - La femme.djvu/386

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sort de sa forte et féconde main, un torrent de maux coule aussi, que la femme vient par derrière adoucir, consoler, guérir.




Je traverse une forêt, un pas dangereux, et j’entends un léger pas. — Cela pourrait bien être un homme, et je me tiens sur mes gardes. Mais voici que c’est une femme. Salut, doux ange de paix !

Dans un voyage consciencieux qu’un Anglais fit en Irlande, il y a trente ans, pour examiner les maux et en rechercher les remèdes, il peint l’extrême défiance de ces pauvres créatures indigentes, qu’un homme entrant dans leurs huttes misérables inquiétait fort. Était-ce un agent du fisc ? un espion ?… Mais, heureusement, il n’était pas seul. On entrevoyait derrière lui un visage de femme. Et, dès lors, tout était ouvert, on se rassurait, on prenait confiance. On n’eût pu imaginer qu’il eût emmené sa femme, s’il eût voulu faire du mal.

C’est à peu près la même chose dans l’admirable voyage de Livingston aux régions inexplorées de l’Afrique (1859). Un homme seul y serait suspect, et beaucoup y ont péri. Mais la vue d’une famille