Page:Michelet - La femme.djvu/388

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envisagé dignement ce que nulle femme ne voit qu’avec effroi, l’âge mûr, et l’approche même de la vieillesse. Cet âge tellement redouté lui parait avoir ses douceurs, une calme grandeur que la jeunesse n’a pas.

Le jeune âge, dit-elle à peu près (je regrette de ne pouvoir me rappeler exactement ses paroles), c’est comme un paysage alpestre, plein d’accidents imprévus, qui a ses rochers, ses torrents, ses chutes. La vieillesse, c’est un grand, un majestueux jardin français, de nobles ombrages, à belles et longues allées, où l’on voit de loin les amis qui viennent vous visiter. Larges allées pour marcher plusieurs de front, causer ensemble, enfin un aimable lieu de société, de conversation.




Cette belle comparaison aurait seulement le tort de faire croire que la vie devient alors uniforme et monotone. C’est justement le contraire. La femme prend une liberté qu’elle n’eut point à un autre âge. Les convenances la tenaient captive. Il lui fallait éviter certaines conversations. Elle devait se priver de telles communications. Les démarches de charité même lui étaient souvent difficiles, ha-