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Page:Michelet - La femme.djvu/408

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gereux, avait autre chose à faire qu’à songer à ces petites misérables. Elle invoqua le clergé ; mais l’Église anglicane, comme toute église, croit trop à la perversité héréditaire de la nature pour espérer beaucoup du remède humain. Elle s’adressa à la presse, et s’attira dans les journaux des réponses ironiques.

Cependant, elle dit, redit tant qu’il n’en coûterait pas un sou, que le gouvernement, magnifiquement, lui prêta un vieux magasin. Elle y abrita de suite une centaine de jeunes filles, qui au moins eurent ainsi un toit sur la tête. Des femmes mariées, dans l’absence de leurs maris, obtinrent de camper au moins dans la cour, pour n’avoir pas à craindre d’attaques de nuit.

Comment nourrir ce troupeau de filles, la plupart ne sachant rien faire ? Carolina, femme d’un simple capitaine et chargée de trois enfants, était bien embarrassée. Elle chercha à la campagne des gens mariés, des familles, qui pussent les employer. Ainsi, elles firent place à d’autres. Avant un an, elle en avait sauvé sept cents ; trois cents Anglaises protestantes, quatre cents Irlandaises catholiques. Beaucoup d’entre elles se marièrent et ouvrirent à leur tour chez elles un abri à leurs pauvres sœurs déportées.

Ayant tout rempli autour de Sidney, il lui fallut