Page:Michelet - La femme.djvu/466

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aime habitude, et s’aide fort des libertés absolues de l’enfance. Ce sont d’heureux instants, de grâce et de favorable audience, d’attendrissement facile, où le cher confident a l’ascendant d’un magnétisme nullement dangereux. L’humilité charmante (où l’on sent si bien qu’on est reine) n’a nulle défense et se rend tout à fait. Oubli profond, abandon sans réserve. L’amour, comme en un demi-rêve, y rencontre parfois la chance rare du bonheur au complet, la crise salutaire (si profonde chez elles) où la vie se donne toute, pour se renouveler bientôt et se trouver rajeunie, embellie, selon le vœu de la nature. »

Note 4. La femme dans la société. — Quelle société ? De passé ou d’avenir ? — Je n’ai pas parlé de la première, ni fait l’histoire des salons. Je la fais assez dans mon Louis XIV. On parle toujours du bien que les salons ont fait, mais point de celui qu’ils ont empêché, des esprits qu’ils ont étouffés. Madame (Henriette) eut dix ans une heureuse influence. Madame de Montespan par sa méchanceté, madame de Maintenon par sa médiocrité négative, stérilisèrent pendant quarante ans. — Pour la société d’avenir, nous la devinons, flottante encre. J’ai voulu seulement, au troisième livre, marquer le rôle que la veuve, la femme isolée, y aura, celui d’émanciper par la bonté toutes les âmes captives. Même dans une société libre, il y aura toujours des captifs, ceux de la misère, ceux de l’âge, ceux des préjugés, des passions. Une femme de grand cœur, dans la cité la plus parfaite, serait le bon génie d’arbitraire maternel qui apparaîtrait partout où la loi n’atteint pas, le complément de la Liberté, une Liberté supérieure, et l’intervention de Dieu même.


fin des notes