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Page:Michelet - La femme.djvu/49

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dont elle est l’objet, la calomnient, etc. Mais que de choses à ajouter ? Combien, chez Sue, est incomplète la triste iliade de ce qu’elle a à souffrir, même à craindre de dangers ? On pourrait citer des faits étonnants, incroyables. Ici, c’est la passion du père portée jusqu’au crime, entreprenant d’effrayer une gouvernante vertueuse, lui coupant son linge, ses robes, même brûlant un jour ses rideaux ! Là, c’est une mère corrompue qui, voulant gagner du temps et marier son fils le plus tard possible, trouve très-bon qu’en attendant il trompe une pauvre demoiselle sans conséquence, qui n’a ni parents, ni protecteur. Elle flatte, caresse la fille crédule, et, sans qu’il y paraisse, arrange des occasions, des hasards calculés. Au contraire, j’ai vu ailleurs la maîtresse de maison, si violente et si jalouse, rendant la vie si amère à la triste créature, que, par l’excès des souffrances, elle prenait justement son abri sous la protection du mari.




La tentation est naturelle pour une jeune âme, hère et pure, courageuse contre le sort, de sortir de la dépendance individuelle, et de s’adresser à tous, de prendre un seul protecteur, le public, et de croire qu’elle pourra vivre du fruit de sa pensée.