rupteurs. Pour lui, au point de vue du rapport des sexes, il y a deux morales, comme il y a deux
sortes de femmes. Celle qui est pauvre a, de tous
temps, été créée et mise au monde pour l’amusement
du riche et le service de ses plaisirs passagers.
Voilà déjà qui est raide. Mais poursuivons.
« Voyez-vous, mon ami, disait-il encore à Poinsot,
ce qui aiguise le plaisir, c’est de prendre une
femme toute neuve et de la conduire par degrés,
bien doucement, à sa chute. Il n’y a pas de plus
exquise jouissance. »
La jeune ouvrière qui est l’objet de sa convoitise, née de parents honnêtes, est elle-même très sage. C’est là précisément ce qui tente ce libertin austère. Il se soucie peu, à son âge, des conquêtes faciles où la victime s’offre pour ainsi dire d’elle-même. Il faut à ce blasé, la lutte pour réveiller l’amour. Il déclare, qu’au demeurant, il n’a jamais éprouvé près des femmes que des désirs. Il conseille à Poinsot la ruse. « Jouez avec elles la comédie de l’amour, toutes s’y laisseront prendre. » Cette belle profession de foi s’est terminée par une plaisanterie odieuse : « Je lui fais serment, à chaque rencontre, que je suis libre, et tout prêt à l’épouser, si elle veut me donner la preuve des preuves qu’elle n’a, elle-même, aucun engagement. »
Voilà, textuellement, le langage et la morale