mon bonheur ! L’état où je suis est sans charme.
Je pourrais dire avec les moralistes : Tout est
vide. C’est comme un néant en moi et autour de
moi. Est-ce l’effet de la saison déclinante, ou la
pauvreté de ma santé, ou la vue habituelle de
Poinsot si mal portant ? Sans doute, tout cela
ensemble, mais qu’importe la cause... ne devrais-je
pas rougir de ma faiblesse ! Non, le monde
n’est pas vide. Deux sentiments suffiraient à eux
seuls pour remplir un cœur d’homme : l’amour
de l’humanité et l’élan vers la cause inconnue
qui nous gouverne. Voilà de quoi relever une âme
virile, fût-elle comme la mienne, malade et lassée !
Jeudi 19. — Veille de la rentrée des classes. — J’entends la cloche de Charlemagne qui sonne. Il faut repartir.
« Quel parti prendre, où suis- je, et qui dois-je être ? »
Ce vers-là semble assez me convenir, bien que ma position soit moins critique que celle du Pauvre diable. Qui dois-je être ? Il y a tout à parier, au train où vont les choses, que je ne serai jamais professeur, on ne parle plus du concours. S’ouvrirait-il, qu’avec Joutes les difficultés dont on parle, je serais à peu près sûr d’échouer. Malgré mes répugnances, parfois je songe au barreau. Mais, outre les obstacles qui viennent de