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Page:Michelet - Mon journal, 1888.djvu/205

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MON JOURNAL.


trop tard ! Je trouve Virginie tout en pleurs. « Ah ! mon Dieu ! » Je m’élance dans la chambre, il n’y avait plus d’ami.... Je vois seulement un corps qui semblait dormir. « Ah ! monsieur, il est mort en vous nommant. » J ;e crevais. Je saisis sa main, elle était encore flexible et tiède. Mais où était cette âme si pure et si tendre ?... « Cher enfant ! Cher enfant ! » Ce nom était le seul dont je pusse l’appeler. Et, en effet, les dernières années m’avaient donné pour lui le cœur d’un père.

Je demandais à son frère aîné si on lui donnerait une tombe et m’offris dans le cas où cela eût gêné. Il parut piqué de mon indiscrétion. Mme Hortense et Pauline arrivèrent, puis papa. Il fallait maintenant penser à la mère ! Elle était au faubourg du Temple, chez sa sœur. Nous la trouvâmes perdue dans les larmes. Sa douleur fît couler les miennes avec une nouvelle abondance. Quand j’entrai, elle m’embrassa avec transport : « O cher ami de mon fils, vous serez le mien ! » Trois enfants, dont une sœur, ne pleuraient pas moins que nous. Je fus plusieurs fois prêt à m’élancer pour serrer ces pauvres petits dans mes bras. Combien, en souvenir de lui, toute cette famille allait me devenir chère !

Au retour, je pris prétexte de quelques adresses à porter à Virginie, pour le revoir encore avant de reprendre mes leçons particulières. Je promis