vage dans mon antre. En pareil cas, le travail seul me console. Mais j’avais trop souffert, pour m’affranchir et prendre goût aux idées. Je ne pouvais penser qu’à lui. Ah ! les morts sont bien puissants !
Jeudi 5. — Ce matin, avant de sortir, j’ai voulu passer en revue les plans de tous les ouvrages que j’ai médité d’écrire. Il y a là de quoi remplir la vie d’un homme et au delà [1]. Ma révision achevée, je me suis acheminé vers la montagne (le Panthéon). Pour la première fois, depuis la mort de mon pauvre ami, j’ai osé affronter la vue du Jardin des Plantes et de la Salpêtrière. J’avais emporté Horace et j’essayais de lire, tout en marchant, les odes galantes que je connais peu. J’en ai achevé une à peine. Les souvenirs du passé à chaque instant se réveillaient. Je l’ai revue, du Pont-Marie, cette route que, si longtemps, nous avons parcourue ensemble !... Et ce jardin !... En y entrant, j’ai ressenti la même oppression que dans ma promenade avec Poret. La grande allée embaumait de l’odeur des premières violettes. Ces parfums que tant de fois nous avons respires ensemble avec délices, maintenant m’offusquaient. Pourquoi le printemps revenait-il, pourquoi les arbres
- ↑ Nous donnerons à la fin du volume tous ces projets de livres.